CPias Centre d'appui pour la prévention des infections associées aux soins
Auvergne-Rhône-Alpes

Argumentaire vaccination contre la grippe

1. La grippe est une maladie bénigne. Ai-je besoin de me faire vacciner ?

Même si la grippe a une évolution favorable dans la très grande majorité des cas, sa réputation de bénignité est aussi due au fait qu’elle est confondue avec les autres infections respiratoires hivernales.

La grippe peut être une maladie grave de manière inexpliquée mais aussi pour les patients/résidents fragiles que vous avez en charge et que vous risquez de contaminersi vous contractez la maladie.

Le plus souvent elle comporte une phase très pénible avec une fièvre élevée, une toux gênante, des frissons et des douleurs musculaires diffuses. Elle peut obliger à s’arrêter et souvent un état de fatigue persiste pendant plusieurs semaines.

2. Je suis jeune et en bonne santé. Ai-je vraiment intérêt à me faire vacciner ?

Être jeune ne vous empêchera pas d’être contaminé par la grippe car il n’y a pas d’immunité innée, l’immunité s’acquiert par la vaccination ou la maladie. Vous ne présenterez probablement pas une forme grave de grippe. Même chez les personnes en bonne santé, la grippe (due aux virus influenzae) comporte une phase très pénible avec une fièvre élevée, une toux gênante, des frissons et des douleurs musculaires diffuses. Elle oblige parfois à suspendre son activité professionnelle et souvent un état de fatigue persiste pendant plusieurs semaines. En outre, étant au contact de malades vous avez un risque majoré d’être contaminé et si vous contractez la grippe un risque majoré de contaminer les patients/résidents que vous avez en charge. Il est donc utile de vous faire vacciner.

3. On dit que la vaccination contre la grippe à l’hôpital est faite pour lutter contre l’absentéisme. Est-ce exact ?

Les études qui ont été réalisées (pas seulement à l’hôpital) ont montré que l’impact de cette vaccination sur l’absentéisme au travail était faible. 
À l’hôpital ou dans les établissements médico-sociaux, l’objectif de la vaccination est d’abord de protéger le personnel exposé aux patients/résidents grippés et contagieux et aussi d’éviter que des soignants grippés ne contaminent leurs patients/résidents, notamment les plus fragiles à risque de grippe grave. 
Ceci étant, personne ne se plaindrait si cette vaccination permettait de limiter la tension dans les services de soins en période épidémique.

4. On insiste beaucoup sur la nécessité de nous vacciner contre la grippe pour protéger nos malades. En fait, les mesures barrières qui ont fait preuve de leur efficacité, ne sont-elles pas suffisantes ?

Les mesures barrières sont en effet efficaces. La vaccination ne dispense d’ailleurs pas du respect de ces mesures.
La grippe est très contagieuse au tout début de la maladie et même un peu avant les premiers symptômes, c’est à ce moment que l’on contamine son entourage sans le savoir.
Par ailleurs, certaines personnes font des formes légères et la pression du travail aidant, poursuivent leur activité professionnelle. Il est donc important de porter un masque en cas de signes cliniques même faibles.
Pour ces différentes raison certains établissements préconisent le port systématique du masque pour tous dès l’entrée en période épidémique.

5. Certains disent que ce vaccin n’est pas efficace. Qu’en est-il exactement ?

L’efficacité de la vaccination contre la grippe varie en effet selon les années. Les quatre souches de virus qui sont dans les vaccins sont choisies par l’OMS en février en fonction des virus ayant circulé lors de la saison grippale précédente. Les vaccins sont mis à disposition en septembre et l’épidémie débute souvent en décembre. Durant cet intervalle, il peut arriver qu’un des virus grippal mute et diffère des souches du vaccin. Ceci est malheureusement imprévisible. Toutefois, cette mutation porte habituellement sur un seul virus et le vaccin protège toujours contre les autres virus.

6. Je me suis fait vacciner l’an dernier et j’ai quand même eu la grippe. Comment peut-on dire que ce vaccin est efficace ?

Vous ne pouvez affirmer que vous avez eu la grippe que si le virus de la grippe a été détecté par une PCR. En effet, les très nombreux virus respiratoires* qui circulent en même temps que les virus grippaux peuvent entraîner des infections respiratoires fébriles pouvant évoquer la grippe.  
Elles sont difficiles à différentier en l’absence de prélèvement. 
Toutefois, le vaccin n’est pas efficace dans 100% des cas, il existe des échecs de la vaccination en particulier quand le virus grippal circulant mute et diffère du virus contenu dans le vaccin.  

* VRS, Métapneumovirus, Rhinovirus, Coronavirus, Adenovirus

7. J’ai été vacciné l’an dernier. Ne suis-je pas encore protégé ?

Le plus souvent, le vaccin grippal saisonnier diffère de celui de l’année précédente pour au moins une des souches. Il arrive parfois que d’une année sur l’autre, la composition du vaccin reste inchangée. On admet cependant que la durée de protection conférée par le vaccin ne va pas au-delà de 1 an. Dans tous les cas de figure une vaccination annuelle est nécessaire.

8. On dit que le vaccin peut provoquer la grippe. Est-ce exact ?

Le vaccin utilisé chez les adultes est fabriqué à partir de virus tués. Il ne peut donc pas provoquer la grippe.
Un des effets secondaires connus de la vaccination grippale est la survenue, généralement dans les heures suivant la vaccination, d’un tableau clinique comportant de la fièvre et des douleurs musculaires. Ces symptômes sont traités aisément avec du paracétamol et ne durent habituellement pas plus de 24 heures. Vous avez donc cru que vous aviez eu la grippe, mais ce n’était pas le cas.

9. Je ne veux pas me faire vacciner car j’ai entendu que les adjuvants contenus dans les vaccins et notamment l’aluminium pouvaient entraîner des problèmes graves. Est-ce vrai ?

Les vaccins grippaux saisonniers ne contiennent pas d’adjuvants et en particulier pas d’aluminium.
Par ailleurs, le lien entre l’aluminium contenu dans certains vaccins et une quelconque maladie n’est absolument pas démontré.

10. J’ai entendu que le vaccin contre la grippe pouvait entraîner un syndrome de Guillain Barré. Qu’en est-il exactement ? Est-ce fréquent ? Est-ce grave

Le syndrome de Guillain Barré est en effet une maladie grave avec des paralysies extensives pouvant toucher les muscles respiratoires. Une récupération survient habituellement mais des séquelles voire un décès sont possibles.
Une augmentation de la fréquence des syndromes de Guillain Barré a été observée aux Etats-Unis en 1976 suite à une campagne de vaccination contre la grippe porcine. Depuis, plusieurs études ont recherché le lien entre cette maladie et la vaccination contre la grippe avec des résultats contradictoires, à l’exception d’une seule qui conclut que la vaccination contre grippe saisonnière pourrait être responsable au maximum d’un excès de 1 cas de syndrome de Guillain Barré pour 1 million de doses administrées. Ce risque est très inférieur à celui de contracter la maladie (de l’ordre de 7 à 8 cas/100.000) après la grippe elle-même qui en constitue une des causes.

11. J’ai un bébé à la maison. Est-il utile de me faire vacciner

Votre profession vous met en contact avec des patients/résidents susceptibles d’être grippés. Vous êtes donc plus à risque que la population générale de contracter la grippe et donc de contaminer votre entourage.  
La grippe en milieu familial est très contagieuse et les nourrissons de moins de 1 an sont plus à risque de présenter des grippes compliquées et d’être hospitalisés. 
Vous vacciner contre la grippe vous protégera et protègera votre bébé ainsi que les autres membres de votre famille.

12. Je suis enceinte. Dois-je me faire vacciner ?

La vaccination contre la grippe est en effet recommandée en France pour toutes les femmes enceintes, quel que soit le terme de la gestation.
Les femmes enceintes qui contractent la grippe ont un risque augmenté d’être hospitalisées (surtout au troisième trimestre) pour des complications respiratoires ou cardiaques. Des études récentes ont montré que la vaccination contre la grippe durant la grossesse protégeait le nouveau-né et le nourrisson durant les 6 premiers mois de la vie, période où l’enfant est particulièrement exposé à présenter des complications de la grippe. Enfin, la surveillance a confirmé la bonne tolérance du vaccin grippal, aussi bien pour la mère que pour le fœtus (13).

13. Je souffre d’une maladie chronique et reçois un traitement qui déprime l’immunité. Dois-je me faire vacciner ?

Votre maladie chronique et votre traitement qui dépriment les défenses immunitaires augmente le risque de complications liées à la grippe. Vous avez donc tout intérêt à vous faire vacciner.
Le vaccin grippal qui vous est proposé est un vaccin tué, qui ne contient aucun virus vivant. L’administration de ce vaccin ne vous fait pas courir de risque particulier.
Cependant, étant donné votre état immunitaire, il n’est pas certain que vous fabriquerez suffisamment d’anticorps. Vous pourriez donc être moins bien protégé(e).

14. J’ai entendu parler de vaccin homéopathique. Puis-je l’utiliser à la place du vaccin que vous me proposez ?

Homéopathie et vaccination n’ont rien de commun. Aucune étude ne montre que l’homéopathie soit efficace pour prévenir la survenue de la grippe. Cette médication n’est donc pas adaptée à la prévention du risque en milieu professionnel.

15. J’ai un terrain allergique et on m’a conseillé d’éviter les vaccins. Dois-je me faire vacciner ?

Concernant la vaccination contre la grippe, les virus servant à fabriquer le vaccin sont cultivés sur œuf et il reste des traces de protéines de l’œuf dans le vaccin. L’allergie documentée aux protéines de l’œuf est donc une contre-indication à la vaccination grippale.
Par contre, il n’y a aucune raison de ne pas vacciner une personne allergique à d’autres produits qui ne sont pas présents dans le vaccin.

16. Quels sont les effets secondaires de la vaccination contre la grippe ?

Les effets secondaires décrits sont des réactions au point d’injection (douleurs, rougeur, induration). La durée est de 24 à 48h. Des réactions générales peuvent plus rarement survenir : fièvre, maux de tête, douleurs articulaires ou musculaires qui peuvent laisser à penser que le vaccin a provoqué la grippe. La durée dépasse rarement 24 heures. Ces symptômes sont traités aisément avec du paracétamol.

17. Je suis asthmatique. Dois-je me faire vacciner ?

La grippe peut déclencher une crise d’asthme ou l’aggraver avec des conséquences d’autant plus importantes que l’asthme est plus sévère. On a accusé le vaccin de déclencher des crises d’asthme, ce qui a été infirmé par les études (14). 
La maladie asthmatique est une raison supplémentaire de se faire vacciner contre la grippe.

18. Si cette vaccination est si importante, pourquoi n’est-elle pas obligatoire ?

Certains états aux USA ont rendu obligatoire cette vaccination pour les professionnels de santé, avec une bonne acceptabilité (15).
En France, on considère qu’une obligation vaccinale est justifiée vis-à-vis d’une maladie (comme l’hépatite B) qui met la vie en danger.
Dans le cas de la grippe (exceptionnellement très grave chez les soignants), l’objectif est au moins autant de protéger les soignés d’une éventuelle contamination. On considère que ceci devrait suffire à convaincre les soignants de se faire vacciner sans recourir à des moyens coercitifs.

19. Pourquoi vacciner les professionnels de santé alors qu'en période épidémique les visiteurs ou d'autres patients/résidents non vaccinés sont susceptibles d'introduire la grippe dans les établissements de santé ou autres collectivités ?

Il est difficile de réduire à zéro le risque de grippe pour les patients hospitalisés/résidents avec la seule vaccination du personnel, aussi en période épidémique le port systématique du masque par tous peut être mis en place.
Il faut en plus demander aux visiteurs grippés ou présentant une infection respiratoire de ne pas rendre visite aux patients ou résidents.

20. Dans les Ehpad, la plupart des personnes âgées sont vaccinées contre la grippe, en quoi me faire vacciner contre la grippe peut les protéger ?

Bien que le pourcentage de vaccinés parmi les résidents des Ehpad soit en effet généralement élevé, il n’est pas certain que ceux-ci soient bien protégés par leur propre vaccination. En effet, du fait du vieillissement de leur système immunitaire, les personnes âgées répondent moins bien aux vaccins, notamment au vaccin contre la grippe (16).

21. Je n’ai jamais eu la grippe. Pourquoi devrais-je me protéger contre cette maladie ?

Il n’y a pas d’immunité innée contre la grippe. Le risque de contracter la maladie varie de 13 à 23% (17,18) selon le type de structure dans lequel on travaille. En outre, vous avez pu présenter une grippe légère non diagnostiquée et ainsi acquérir une immunité vis-à-vis d’une souche de virus mais pas contre tous les virus grippaux. Au grès des mutations vous serez confronté un jour ou l’autre à un autre virus grippal. 
Même si vous vous êtes immunisé après une grippe, cette immunité ne vous protège pas contre toutes les souches virales ni en cas de mutation ce qui est inévitable.

22. Une vaccination contre la grippe répétée chaque année a-t-elle des conséquences délétères sur mon système immunitaire ?

Votre système immunitaire répond chaque jour à des stimulations beaucoup plus importantes et nombreuses que celle liée à une vaccination. Si l’impact d’une vaccination répétée annuellement sur l’efficacité protectrice est l’objet de débats, aucune donnée ne soutient le risque d’effets secondaires lié à la répétition annuelle de la vaccination, y compris chez les enfants.

23. Une immunité naturelle versus celle apportée par un vaccin n’est-elle pas préférable ?

Concernant la grippe, il est démontré que la maladie entraine une protection de longue durée contre la souche en cause qui sera probablement différente l’année suivante, alors que la protection conférée par le vaccin ne dure que quelques mois mais protège contre 3 à 4 souches différentes. 

24. Peut-on garantir une indépendance des instances qui recommande les vaccins vis-à-vis de l’industrie pharmaceutique ?

Les experts à l’origine des recommandations vaccinales (comme tous les experts qui conseillent les pouvoirs publics) sont astreints par la loi à déclarer annuellement et lors de chaque expertise, les liens d’intérêt qui pourraient influencer leur expertise. Cette déclaration est publique. Les personnes qui ont un conflit d’intérêt sur le dossier traité ne peuvent pas participer à la décision.

Bibliographie

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3. Jefferson T, Di Pietrantonj C, Rivetti A, Bawazeer GA, Al-Ansrya LA, Ferroni E. Vaccines for preventing influenza in healthy adults. Cochrane Database Systematic Review 2014; 13(3): CD001269. 
5. Ofstead Cl, Tucker SJ, Beebe TJ, Poland GA. Influenza Vaccination Among Registered Nurses: Information Receipt, Knowledge, and Decision-Making at an Institution With a Multifaceted Educational Program. Infection control and hospital epidemiology 2008; 29(2): 99-106. 
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14. [No authors listed]. The safety of inactivated influenza vaccine in adults and children with asthma. New England Journal of Medicine 2001; 345(21): 1529-36. 
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